Cette Histoire, la vôtre, celle du paradis dont on vous a chassés, celle d’Alger, cette ville que nous avons bâtie comme un théâtre antique autour d’une scène où se produit à longueur d’année une mer turquoise enrichie de fragiles nuances d’améthyste, celle du vent, qui, chez nous, brode continuellement, les vagues en lourds écrins d’écume, celle des printemps qui explosent en une seule nuit embaumant l’air des parfums d’herbes séchées au vent du Sud, celle des couchers de soleil incandescents allumant au creux des vagues des scories de métal en feu, celle de la tiédeur sensuelle des soirs d’été, des parfums de figue, de raisin, d’orange, tous ces décors enfouis en vous, tout juste assez précis pour laisser place au rêve, cette Histoire, encore palpitante, encore déchirante, qui vous obsède toujours, j’ai essayé de vous la rendre, il y a quelques années, en écrivant LE RAVIN ROUGE, une chronique romancée, à travers des personnages et des faits dans lesquels vous vous êtes tous reconnus…
Notre illustre compatriote, Albert Camus, a écrit : « La tâche d’un chroniqueur est de dire : « ceci est arrivé » lorsqu’il sait que cela est véritablement arrivé et que cela a intéressé la vie de tout un peuple. Il se trouvera alors des milliers de témoins qui estimeront, dans leur cœur la vérité de ce qu’il a dit… ». Et, peu de temps après la parution de cet ouvrage, c’est bien ce miracle que j’ai constaté, et qui a motivé mon engagement total pour le rétablissement de la vérité historique, votre vérité, notre vérité !
Car, chers témoins, vous avez magnifiquement témoigné en faveur de ce livre… J’ai conservé pieusement vos milliers de lettres… Après l’avoir lu, vous vous êtes levés pour confirmer à qui voulait l’entendre que ce chroniqueur là, à travers ses personnages à la fois emblématiques et réels, brisait le mur de la désinformation et clamait, criait, hurlait la vérité ! Parmi les premiers commentaires reçus, je garde, comme une relique, celui du Général Jouhaud, notre Général, qui écrivait : « Toutes les joies et toutes les douleurs exprimées dans cet ouvrage ont été ressenties dans mon vécu. Si un jour cette saga était portée à l’écran, peut-être serions-nous, enfin, compris… ».
De temps en temps, au comble de l’exaspération, devant les déviances de certains historiens, ou hommes d’Etat, je leur offrais un exemplaire de ce livre, vite rejeté comme une fiction… Combien m’ont répondu ? Combien m’ont dit avoir été émus par nos malheurs ? Deux hommes d’Etat et un historien…
Là-bas, de l’autre côté de la mer, tout s’est inversé : les villes que nous avions fondées se sont délabrées, les vergers sont redevenus marécages et les champs de blé sont redevenus paysages de pierre, là-bas, la mutation du monde s’élabore actuellement sur des champs de ruines, tandis qu’ici, dans ce pays où la mémoire des hommes continue de se déliter dans le
marasme ambiant, j’ai eu la joie d’apprendre que la mise en images de notre tragédie n’était pas un rêve irréalisable.
Trois courageux pionniers se sont lancés dans cette grande aventure… Pour riposter à une fiction cinématographique qui écorche dangereusement la réalité des faits – je ne citerai que les films « Indigènes » et « Hors la loi » – ces trois mécènes ont mené, dans la ferveur, le projet de pouvoir exprimer par l’image, et à travers les personnages du RAVIN ROUGE, la tragédie de tout un peuple, ceci, en montrant simplement, comme dans l’ouvrage, ce qui était authentique dans nos épreuves, sans haine, sans crainte, sans esprit revendicatif, dans le plus strict apolitisme et sans aucun favoritisme…
Et, grâce à l’unité de tous nos groupements, toutes nos associations, toutes nos amicales, et nombre de nos compatriotes, que je ne remercierai jamais assez de leur aide, le même miracle s’est reproduit…
Par centaines, voire par milliers peut-être, retrouvant notre union sacrée pour ce projet, vous avez répondu, et vous continuez à répondre, à l’appel que je vous ai personnellement lancé… Vous avez recommencé à m’écrire et vous m’avez, à nouveau, revigorée, enthousiasmée et bouleversée… MERCI !
Quel autre mot pourrait traduire l’intensité de l’émotion qui s’est emparée de moi à la lecture de vos lettres, lesquelles recommencent à m’arriver, chaque jour, comme une source d’eau fraîche, désaltérante pour l’assoiffée de morale, de justice et de vérité que je suis…
Car, mes frères d’infortune, mes compatriotes, ma famille de cœur, vous non plus n’avez rien oublié, et vous l’avez prouvé, en agissant avec les trois initiateurs, pour que ce projet voit le jour
« L’écriture de cet ouvrage est un jeu avec l’Histoire. Les personnages en renforcent la trame mais, impuissants, ils sont emportés dans une tourmente destructrice qui annihile tout sur son passage » avait indiqué un article de presse…Mais qu’est-ce que l’Histoire ? Seulement la chronique des entreprises humaines, et pour ceux qui cessent d’entreprendre et se contentent de subir, il n’y a plus d’Histoire possible, il n’y a plus qu’un chantier de décombres au milieu duquel gisent ensemble, fracassées, tout ce qui avait le plus d’importance pour nous : les notions de solidarité, de patriotisme, de civisme et de fraternité…
Aujourd’hui, grâce à vous tous, nous travaillons, avec l’aide de professionnels compétents, pour élaborer UN SCÉNARIO PUISSANT, ÉMOUVANT, BOULEVERSANT QUI SERA LA
RÉSERVE D’OR DE NOTRE COMMUNAUTÉ. Car, vous le savez bien, l’argent n’a de valeur que tant qu’une réserve d’or, entassée dans les coffres d’une banque, lui sert de symbole. Notre réserve d’or à nous, ce sera ce scénario, pour lequel nous avons tous cotisé, et nous avons commencé à réaliser avec l’aide des meilleurs, ce scénario dont nous ne confierons la production qu’au meilleur
Car ne négligeons pas la puissance de l’image : C’est un film, à travers une fiction, « Autant en emporte le vent… », remarquablement bien réalisé, avec référence à l’Histoire, qui a rendu aux sudistes américains l’estime de leurs concitoyens.
Soyez assurés que je me battrais encore de toutes mes forces pour faire connaître à tous la vérité sur la tragédie que nous avons vécue.
Je veux, et vous le voulez avec moi, je le sais, que la France cesse de nous considérer comme des schismatiques alors que nous sommes des victimes… La vérité, notre vérité, est infiniment et manifestement plus belle, plus noble et plus humaine que toutes les fabulations de nos contempteurs.
Le jour où, à travers les personnages du RAVIN ROUGE, cette vérité sera projetée sur les écrans, ceux qui nous diffament, aujourd’hui, en seront incontestablement ébranlés, et finiront par s’y rallier…
A ce jour, les droits d’adaptation audiovisuelle ont été signés, sont acquis, et, en tant qu’auteur, j’ai reversé la quote-part me revenant sur ces droits dans la caisse commune.
Un contrat a été signé avec un scénariste renommé et je m’engage à travailler bénévolement avec lui pour la réalisation d’un scénario puissant et émouvant.
Notre chargée du développement, dont l’expérience et la compétence ne sont pas à mettre en doute, a réussi à intéresser au projet un des réalisateurs les plus prestigieux.
NOTRE FILM, A TRAVERS SES PERSONNAGES EPROUVES ET PATHETIQUES, DEMONTERA LE MENSONGE D’ETAT ET OUVRIRA LES YEUX DE CEUX QUI NOUS DIFFAMENT ET NOUS MEPRISENT !
Je reste à votre écoute, pour répondre à toutes vos questions.
Anne CAZAL